Plus de 1000 scientifiques volontaires sur tout le territoire pour former les cadres de l’État

Claire Gouny 

Après diverses expériences au CNRS de gestion de projets transverses, que ce soit en communication ou pour des programmes de recherche, elle rejoint début septembre la Mission programmes nationaux en qualité de coordinatrice nationale du module Conférences-débats de la Formation à la transition écologique des agents publics. Claire Gouny accompagne en parallèle le déploiement du module Visites de terrain.

Claire coordonne une équipe de dix chargés de mission en région qui structurent et animent les actions sur le territoire dont elles ont la responsabilité. Installées dans des observatoires des sciences de l’univers ou des unités mixtes de recherche, ces personnes se situent au cœur de la recherche, au contact direct des scientifiques et des partenaires académiques du CNRS.

Missionné par l’État pour coordonner une partie de la formation à la transition écologique des cadres publics, le CNRS mobilise plus de 1000 scientifiques, expertes ou experts dans toutes les disciplines utiles à la transition écologique, volontaires pour intervenir dans les conférences-débats et organiser les visites terrain sur tout le territoire français.

5 questions à Claire Gouny*, coordinatrice nationale au CNRS du module Conférences-débats de la Formation à la transition écologique des agents publics.

1 — Pourquoi le CNRS a-t-il été choisi pour coordonner une partie de cette formation ?
Claire Gouny : La délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État, qui coordonne l’entièreté du programme, avec l’appui du secrétariat général à la planification écologique, avait besoin d’un point d’ancrage national et d’un interlocuteur unique pour les modules Conférences-débats et Visites de terrain. Le CNRS, à la fois contributeur principal du GIEC, seul organisme national totalement pluridisciplinaire et aussi partenaire de toutes les universités, les écoles et les autres organismes français, a été identifié comme interlocuteur privilégié. Notre rôle n’est pas de diriger mais de faciliter et de coordonner l’action de formation et le déploiement de la communauté scientifique sur tout le territoire.

2 — Quel est le contenu de ces conférences-débats ?

Ce programme innove en proposant un socle commun de connaissances qui touchent tous les aspects des questions de transition écologique : ainsi, outre la crise du changement climatique, il interroge celles de l’effondrement de la biodiversité et de la diminution des ressources. C’est ce qu’on appelle les connaissances systémiques. La formation insiste en effet sur la relation de tous ces enjeux environnementaux et l’appropriation des grands leviers d’action sur lesquels prioriser les efforts.

3 — D’où viennent les données présentées par les scientifiques ?

Elles proviennent notamment sur les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), son pendant pour la biodiversité la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques et les groupes régionaux d’expertise[1] sur le changement climatique et la transition écologique pour la connaissance des changements globaux.

4 — En pratique, comment se déroule l’étape des conférences-débats ?

Après les deux premiers modules consacrés à une sensibilisation aux trois crises actuelles, les conférences-débats, animées pendant deux à trois heures par un binôme d’intervenantes ou intervenants issus de disciplines scientifiques différentes présentent aux agents publics les impacts des trois crises, notamment sur leurs territoires respectifs. Un troisième module, dont le CNRS est coordinateur scientifique, donnera l’occasion de visiter des terrains expérimentaux, telles des zones ateliers[2]. Ce module sera élaboré en s’appuyant sur les forces locales des régions, des acteurs associatifs, des parcs naturels régionaux, des entreprises ou encore des collectivités territoriales qui sont impliqués et impactés par ces changements environnementaux.

5 — Quel est l’enjeu selon vous, pour les cadres de l’État ?

À terme, l’enjeu de cette formation est de faire en sorte qu’elle percole au sein des services, de manière à ce que la forte volonté politique qui l’a initiée enrôle les 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’État dans cette démarche de transition.

En savoir plus :

> L’équipe des chargés de mission du CNRS
> Lire l’interview complète de Claire Gouny sur cnrs.fr

  1. [1] Les groupes régionaux d’expertise sur le changement climatique et la transition écologique mobilisent les réseaux de chercheurs et d’acteurs territoriaux (publics, privés, associatifs) afin de mieux informer sur les prises de décision en matière de changements climatiques à l’échelle régionale et locale et collecter les besoins des acteurs du territoire et faciliter leur participation à des projets de recherche.
  2. [2] Constituées en réseau, les zones ateliers ont comme problématique de recherche, de décrire, comprendre et prédire la réponse des socio-écosystèmes au changement global, pour formaliser et théoriser leur fonctionnement, et aider ainsi à leur gestion et à leur gouvernance. C’est le seul outil à ce jour couplant les approches bio-géophysiques, écologiques et sociétales à l’échelle des territoires. Leur spécificité réside dans la taille de l’objet d’étude, qui est de dimension régionale.